Dans les épisodes précédents de la chronologie Metroid, nous avions vu que Metroid Fusion, l'épisode 4, surclassait presque en tout Super Metroid, le meilleur jeu de
tous les temps, mais ne le dépassait malgré tout pas dans l'ensemble, car il était plus linéaire... dirigiste !
Cependant, il suffisait d'un tout petit effort supplémentaire, et on atteignait vraiment la perfection. Ce dirigisme en effet s'inscrit bien dans l'évolution des joueurs qui aiment de plus en
plus être pris par la main, guidés et non livrés à eux-mêmes comme autrefois. La fureur des RPGs, à commencer par les Final Fantasy, va dans ce sens. Final Fantasy VII,
véritable monument du jeu vidéo, l'a bien compris, en nous proposant des personnages hyper soignés dans un monde élaboré, suivant un scenario riche. Bien entendu, avec une telle richesse,
impossible d'offrir autre chose qu'un jeu linéaire.
Pourtant, libre à nous de nous éloigner du scenario et d'explorer les quêtes annexes, le monde tout entier... En ce sens, on est proche d'un Metroid Fusion où il reste beaucoup à
découvrir dans la station spatiale BSL avant d'aller combattre le SA-X, mais il ne s'agit là que de bonus, d'une durée de vie rallongée. D'ailleurs selon les puristes, Final Fantasy VII
n'est pas le meilleur de la série. Il est au mieux second, derrière son grand frère Final Fantasy VI.
Tous les meilleurs jeux du monde sont-ils sortis sur Super Nintendo ? Entre Chrono Trigger et Final Fantasy VI, on tient en tous cas deux des meilleurs RPGS jamais réalisés. Une
des énormes qualités de FF6 est d'offrir une histoire en deux temps : un démarrage linéaire avec un scenario bien tassé, mais qui déjà nous laisse à l'occasion le choix de l'ordre dans lequel
suivre l'histoire. En effet, parfois les personnages sont séparés et vont vivre chacun leur aventure. Libre au joueur de choisir qui il va suivre en premier.
Mais ce n'est pas le plus important : au milieu du jeu, l'équilibre du monde est bouleversé, et tout porte à croire que tous les héros sont morts. Vous n'avez plus q'un personnage, Celes, avec
lequel vous allez partir à l'exploration du nouveau monde et retrouver les uns après les autres vos compagnons. Mais la touche de génie tient au fait qu'il n'y a aucune obligation sur la marche à
suivre ! Suivant où vous guidez votre personnage dans le monde dévasté, vous allez reconstituer votre équipe dans un ordre différent, être confronté à des difficultés différentes, bref une
richesse de jeu formidable que les FF suivants n'offriront pas.
Pourquoi tout ce discours sur Final Fantasy VI dans un blog sur Metroid ? Tout simplement parce que c'est cette expérience extraordinaire que Nintendo aurait pu offrir à ses
joueurs dans Metroid Fusion. Après avoir combattu les parasites X pendant tout le jeu, Samus découvre un laboratoire secret sur la station, dans lequel les scientifiques élèvent des
métroïdes !!!
Dans les colonnes de verre, un metroïde Gamma et un métroïde Zeta !
La peur des X s'évapore en un instant pour qui a joué aux jeux précédents. Le laboratoire est détruit, mais une fois Samus tirée de cette zone et revenue dans la station spatiale, une mauvaise
surprise l'attend.
Aucun doute possible : un métroïde s'est échappé du labo secret avant sa destruction, et en plus il a muté ! Mais ce n'est pas fini ! De retour dans la zone 1, on retrouve encore deux autres mues
identiques. il n'y a pas cinquante explications : ce n'est pas un mais plusieurs métroïdes qui se sont échappés et hantent désormais le centre de recherche spatiale. Coup de génie fantastique
dans ce jeu déjà hallucinant : il va donc nous falloir pourchasser ces monstres dans les moindres recoins de la station, découvrir les nouveaux passages secrets où les métroïdes se sont
embusqués, bref, pousser l'exploration au maximum après avoir découvert la station superficiellement. Cette petite astuce, qui ne demande aux programmeurs qu'à mettre au point les déplacements
des différentes évolution du métroïde, va tout siplement DOUBLER la durée de vie du jeu. D'où le parallèle avec FF6 : une seconde partie non linéaire qui offre du coup un jeu sans pareil.
On peut déjà imaginer que la situation va évoluer entre Samus et le SA-X, qui ont désormais un ennemi commun. Va-t-on voir une sorte de relation naitre, avant l'inévitable combat final ? Ca met
l'eau à la bouche, hein ? On le tient, notre Metroid ultime !
Sauf que ce n'est pas ça du tout. Toutes ces mues appartiennent en fait au même métroïde, qu'on va affronter sous sa forme Omega.
En soi, c'est abherrant : quelle que soit leur taille, les mues de Métroïde que l'on retrouve sont toutes des mues de larve. Bref, ça ne ressemble pas du tout à une évolution de métroïde Omega,
qui doit passer par les stades alpha, gamma, et zeta. C'est d'autant plus absurde que ces fantômes de larve sont clairement là pour faire leur effet sur les joueurs de Metroid II return of
Samus, et ce n'est pas à eux qu'on va faire avaler une couleuvre pareille !
Comment ne pas être déçu en étant privé d'un tel retournement ? La seule explication logique serait que les développeurs avaient bel et bien prévu une continuation de ce genre mais qu'une
contrainte technique ou autre les a obligé à bâcler la fin du jeu. Ca semble d'autant plus logique qu'un jeu Metroid était alors toujours lié à un film Alien. Or, dans Alien 4,
Ripley et ses compagnons affrontent 12 aliens, un chiffre qui aurait parfaitement collé pour une chasse aux métroïdes finale.
La déception va plus loin, puisque c'est le premier jeu qui ne nous offre pas un NOUVEAU métroïde. Metroid nous offrait la larve, Metroid II toute la gamme des évolutions, et
surtout la reine, et Super Metroid, ben... le super métroïde. Ici le boss final est un metroïde omega, ce qui le met déjà en dessous des ennemis précédents, et en plus, un métroïde
d'élevage au rabais, très loin des facultés terrifiantes des monstres affrontés sur SR388. Pas de jets d'acide, de feu électrique ni de vol aérien, cet omega-là ne donne que des coups de griffes.
C'est assez impardonnable, car Alien la resurection offrait un nouvel alien, à moitié humain.
Samus à moitié métroïde affrontant un métroïde à moitié humain, on ne me fera pas croire que des types qui ont écrit un scenario aussi énorme que celui de Metroid Fusion ne l'avait pas
envisagé. Mais une chose est certaine, ils ne l'ont pas fait. Nintendo pouvait prouver qu'ils étaient les maîtres incontestés de l'exploration/2D, et c'est vrai qu'aucun Castlevania sur
portable ne vaut Metroid Fusion, mais l'essai n'est pas transformé. Metroid Fusion a-t-il surclassé Symphony of the Night ?
Peut-être oui, peut-être non... En tous cas, il sera le dernier Metroid en 2D, une sorte de chant du cygne, beau et parfait... sauf la toute dernière note.